Histoire Des Libertines (20) : Anne Boleyn Et Catherine Howard, Les Épouses Adultères D’Henri Viii.

Henri VIII (1491-1547) roi d’Angleterre, est célèbre pour ses six mariages, le divorce d’avec sa première épouse étant d’ailleurs à l’origine du schisme de l’église d’Angleterre.

Parmi ses 6 épouses, deux nous intéresseront plus particulièrement, la seconde, Anne Boleyn et la cinquième, Catherine Howard, toutes les deux décapitées sous l’accusation d’adultère.

Chapitre premier : Anne Boleyn

Anne Boleyn (vers 1500 – 19 mai 1536) est la deuxième épouse du roi Henri VIII d'Angleterre et reine de 1533 à 1536. Elle est la mère de la reine Élisabeth Ière. Son mariage avec Henri VIII est à l'origine du changement politique et religieux complexe, et souvent tragique, qu'a été la réforme anglaise. Accusée d'adultère, d'e et de haute trahison, elle est exécutée par . Il est maintenant généralement admis qu'elle était innocente de ces accusations. Anne Boleyn a été célébrée plus tard comme martyre dans la culture protestante.

UNE JEUNE FEMME CULTIVEE, JOLIE, ATTIRANTE ET DELUREE

Anne est la fille de Sir Thomas Boleyn. Son père est un diplomate très respecté. Il est aussi un favori d'Henri VII, qui l'a envoyé dans plusieurs missions à l'étranger et il continue sa carrière sous Henri VIII, qui le considère comme un diplomate hors pair. La ravissante Anne accompagnait la jeune Marie Tudor (voir « Histoire des libertines (19) : Marie d’Angleterre, sœur de « Barbe Bleue » et éphémère reine de France »), sœur du roi d’Angleterre Henry VIII afin qu’elle épouse Louis XII, veuf d’Anne de Bretagne.

Dotée d’une grande beauté, Anne se fait très vite remarquer à la cour de France. Anne sera dame de compagnie de Marguerite d’Autriche, régente des Pays-Bas, puis de la reine Claude, épouse de François Ier. Anne aurait été, pendant cette période, la maîtresse de François Ier.

Anne Boleyn n'est pas une beauté conventionnelle pour son époque. Elle est mince et son teint est reconnu pour être trop foncé.

Toutefois, certains observateurs sont impressionnés par ses yeux noirs et ses longs cheveux foncés qu'elle porte librement dans le dos. Un Italien qui a rencontré Anne en 1522 écrit qu'elle n'est pas une des plus belles femmes du monde, mais d'autres pensent qu'elle est «assez belle » et « jeune et jolie».

Un historien a réuni toutes les informations disponibles et a écrit : «Elle n'a jamais été décrite comme étant d'une grande beauté, mais même ceux qui l'avaient en horreur admettaient qu'elle avait une allure remarquable. Sa peau foncée et ses cheveux noirs lui donnaient une aura exotique dans un contexte culturel où l'on appréciait un teint clair. Ses yeux étaient particulièrement remarquables, "noirs et magnifiques" a écrit un contemporain, tandis qu'un autre les décrit comme "toujours attirants" et "qu'elle savait en user efficacement" »

Au premier abord, les gens sont attirés par sa personnalité. Elle fait excellente impression avec son sens de la mode et inspire de nouvelles tendances aux dames de la cour.

En 1522, elle est courtisée par Henry Percy, fils du comte de Northumberland. La nature exacte de leur relation est encore à ce jour à déterminer.

L'idylle se termine en 1523, lorsque le père de Henry Percy, refuse de reconnaître les fiançailles. Une autre théorie veut que leur liaison ait été brisée par le cardinal Wolsey, le chancelier d'Henri, parce que ce dernier désirait Anne comme épouse. Les preuves fondées sur les faveurs accordées à Mary, la sœur d'Anne, et à son époux Sir William Carey, indiquent toutefois que le roi entretenait une liaison avec Mary à ce moment précis.

UN ADULTERE ROYAL QUI SE TERMINE PAR UN SCHISME

En 1525, Henri VIII tombe amoureux d'elle et commence à la courtiser. Anne résiste aux avances du roi et refuse de devenir sa maîtresse. Elle rejette ses premières avances en disant : « J'implore sincèrement votre majesté de cesser, et ceci est ma réponse de bonne foi.
Je préfèrerais perdre la vie que mon honnêteté. » Ce refus ne fait qu'accroître le désir du roi qui la poursuit sans arrêt, même lorsqu'elle quitte la cour pour aller dans le Kent. Finalement, il lui demande de l'épouser, ce qu'elle accepte.

Toutefois, elle continue de refuser les avances d'Henri, car tout né avant le mariage est considéré comme illégitime. On peut imaginer dans quel état devait être Henri, rendu fou de désir par la belle Anne.

Henri sollicite une annulation du mariage à Rome en 1527. On connait la suite : le refus du pape et la scission de l’église anglicane.

Anne Boleyn devient la personne la plus puissante à la cour. Son exaspération devant le refus du Vatican de la reconnaître comme reine l'incite à proposer une autre politique à Henri. Elle suggère qu'il suive les conseils de radicaux religieux, tels William Tyndale, qui dénie l'autorité du pape et qui croit qu'un monarque doit diriger l'église. Anne Boleyn fait nommer l'aumônier de sa famille Thomas Cranmer en qualité de nouveau conseiller favori du roi.

Durant cette période, elle joue aussi un grand rôle dans la position internationale de l'Angleterre en consolidant des accords avec la France. Elle établit d'excellentes relations avec l'ambassadeur de France Gilles de la Pommeraie qu'elle captive. Avec son aide, elle organise une conférence internationale à Calais à l'hiver 1532, conférence où le roi espère obtenir l'aide de François Ier pour favoriser son nouveau mariage.

Avant de partir pour Calais, le roi la titre marquise de Pembroke. Elle est la première femme anglaise à recevoir un titre en son nom propre. La famille d'Anne profite de cette nouvelle position.

REINE D’ANGLETERRE

Le 23 mai 1533, Thomas Cranmer, devenu l'archevêque de Cantorbéry, déclare que le mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon est nul et invalide.

Cinq jours plus tard, le 28 mai 1533, Cranmer déclare le mariage d'Henri et d'Anne valide.
Sept ans après le début de leur liaison, Anne devient l'épouse légitime et reine d'Angleterre. La reine Catherine est dépouillée de son titre juste à temps pour le couronnement d'Anne le 1er juin 1533. En signe de défi au pape, Cranmer déclare que l'Église d'Angleterre est maintenant sous l'autorité de son souverain et non de celle de Rome.

Anne accouche d'une fille, le 7 septembre 1533, qu'on baptise Élisabeth en l'honneur de la mère d'Henri, Élisabeth d'York. Malgré sa déception, le roi lui offre un magnifique baptême.

En tant que reine, elle préside une cour magnifique. Au XVIème siècle, les membres de la famille royale se doivent d'être d'un faste extravagant afin de proclamer la puissance de la monarchie. Anne dépense des sommes folles en robes, bijoux, coiffures, plumes de paons, articles d'équitation et meubles du monde entier. De nombreux palais sont rénovés pour satisfaire ses goûts de luxe.

Un groupe de jeunes hommes continue de fréquenter les appartements de la reine, où ils séduisent les dames de compagnie, et avec sa permission, dansent avec la reine. Elle ne dépasse toutefois jamais les limites de la bienséance, allant parfois jusqu'à les réprimander s'ils deviennent trop entreprenants avec elle ou avec ses dames de compagnie. Ce n'est que plus tard que cette attitude aura une influence néfaste sur sa réputation.

La vie conjugale d'Anne est orageuse ; le couple royal a des périodes d'affection et de calme, mais les infidélités répétées d'Henri offensent beaucoup sa nouvelle épouse, qui réagit par des larmes et des crises de colère à chaque nouvelle maîtresse. Pour sa part, Henri trouve irritantes les opinions d'Anne sur la politique et la religion. Sa seconde grossesse se termine par une fausse couche à l'été 1534. Le roi finit par croire que son inaptitude à lui donner un héritier mâle est une trahison.

En janvier 1536, Catherine d'Aragon décède d'un cancer. Le jour des funérailles de Catherine, le 29 janvier 1536, Anne fait une fausse couche d'un garçon.
Pour plusieurs observateurs, cette douloureuse perte marque le début de la fin pour le mariage royal.

LA CHUTE

Thomas Cromwell, ministre et proche conseiller du roi, commence à chercher un moyen pour se débarrasser d'Anne, certains disent sur l'ordre du roi.

Il n'a guère de difficulté à trouver des gens prêts à témoigner contre elle. Son musicien Mark Smeaton, les courtisans Sir Henry Norris, Sir Francis Weston et William Brereton, ainsi que son propre frère George Boleyn, Lord Rochford, sont accusés d'être les amants de la reine et arrêtés. Smeaton avoue sous la alors que les autres nient fermement les accusations.

Le 2 mai 1536, Anne est arrêtée et amenée à la tour de Londres, accusée d'adultère, d'e et de haute trahison.

Anne est à son tour jugée à la tour de Londres, le 15 mai 1536. Durant son procès, elle nie avec véhémence toutes les accusations et se défend avec éloquence, mais en vain.

Les présumés amants de la reine sont exécutés le 17 mai 1536. Le même jour, l'archevêque Thomas Cranmer déclare illégitimes le mariage d'Anne et invalide et leur fille Élisabeth.

Anne sera décapitée le 19 mai 1536. Elle fut décapitée par un bourreau spécialement venu de France pour lui trancher le cou avec une épée. Elle fit preuve d'un courage inégalé, qui témoignait de la préparation morale à cette époque devant la mort.

POURQUOI

Les historiens débattent toujours pour trouver la véritable raison de sa chute du trône anglais.

La théorie traditionnelle est qu'Anne fut la victime de la cruauté de son mari et que le fait qu'elle soit incapable de lui donner un héritier mâle impliquait qu’Henri ne reculerait devant rien pour se débarrasser d'elle. L'historien du XXème siècle, Geoffrey Elton, soutenait qu'Anne et cinq hommes furent mis à mort légalement parce que le roi souhaitait se remarier. Henri VIII était tellement dénué de scrupules qu'il était prêt à paraître cocu et victime de sorcellerie pour parvenir à ses fins.

L'historien britannique George W. Bernard est le seul historien moderne à soutenir qu'Anne fut coupable de trahison et d'adultère. En 1991, il écrit : « La position la plus sûre pour un historien moderne est d'affirmer qu'Anne a vraiment commis l'adultère avec Norris et brièvement avec Smeaton et qu'il y avait suffisamment de preuves factuelles pour douter du déni des autres. » Le professeur d'histoire moderne de Southampton University, George Bernard, estime en effet que la reine était bel et bien coupable d'adultère, ou du moins que son comportement laissait clairement à penser qu'elle avait des crimes à se faire pardonner.

S'appuyant sur un poème de 1545 écrit par Lancelot de Carles, poète assigné à l'ambassadeur français de la cour du roi Henry, le texte présente la reine sous les traits d'une nymphomane, pour le dire avec des termes contemporains. Accusée de mépriser son mariage, d'attouchements et autres incitations infâmes au sexe, elle aurait même mis sa langue dans la bouche de son frère George, vicomte de Rochford.

Anne Boleyn était une intrigante, mais aussi une femme déterminée et futée, et ne voulait aucunement se contenter d'un rôle de second ordre. Elle avait été élevée à la cour de France et bien éduquée dans les mœurs françaises. Elle avait ensorcelé le roi avec ses yeux en amande et sa coquetterie, et l'avait talonné de crise de jalousie, plaçant le roi dans une position insoutenable.

La reine est accusée d'adultère avec quatre autres hommes, mais ce sont les accusations d'e qui sont jugées les pires.

Même si les relations sexuelles et les mariages entre cousins du premier degré sont communs à cette époque, les relations entre frère et sœur sont prohibées, considérés comme l'expression du satanisme. Aujourd'hui, on estime en général que les accusations d’e ont été fabriquées. Même à l'époque, elles ne sont pas totalement acceptées par la population.

Les preuves accablantes contre George Boleyn viennent de sa femme, qui espérait ainsi sauver sa propre vie, en fournissant aux avocats du roi les preuves qu'ils recherchaient. En 1542, Jane Parker (sa veuve), lors de sa propre exécution à la suite de son implication dans l'affaire extra-conjugale de la reine Catherine Howard, déclara : « Dieu m'a permis de souffrir ce destin tragique car j'ai contribué à la mort de mon mari. Je l'ai faussement accusé d'avoir aimé sa sœur, Anne Boleyn de manière ueuse. Pour cela, je mérite de mourir. »

En dehors de l’incapacité de donner un héritier mâle vivant au roi, comme elle l’avait promis, elle se mêla ouvertement de religion et de politique, ce qui pour une femme à l’époque, était inconcevable, même si au début le roi plutôt intéressé par ces idées novatrices et bien à propos pour le débarrasser de ses problèmes, rentra dans son jeu, il en fût vite rassasié et irrité par la suite quand tous ses problèmes étaient réglés.

Bref, en quelques mots clairs, Anne a été la victime sentimentale de son mari. Elle avait elle-même ses propres fautes, et elle a été aussi victime de ses propres erreurs, il est aussi plus qu’évident qu’Anne n’était pas amoureuse d’Henry quand il lui a déclaré sa flamme, alors que lui en était fou.

En refusant de n’être que la maîtresse du roi, en lui ayant promis un fils, elle ne pouvait qu’allait vers sa mort, c’est là la cruelle fin d’Anne Boleyn, mais elle laisse dans l’histoire et à l’Angleterre le plus grand des héritages, la religion Anglicane, qui fait aujourd’hui encore la différence de l’Angleterre dans le monde et elle peut être fière d’être la mère d’une des plus illustre reine de l’histoire, Elisabeth 1ére Tudor, pourtant même si elle le pouvait, Elisabeth n’a jamais voulu refaire le procès de sa mère et la déclarée innocente des faits reprochés, on pourrait dire, c’était bien la fille de son père….


Chapitre 2 : Catherine Howard, 5ème épouse d’Henri VIII

Catherine Howard (1518-1542) est la cinquième épouse d'Henri VIII d'Angleterre, qui la surnommait « la rose sans épine ». À ce titre, elle fut reine d'Angleterre de 1540 à 1542. Catherine épouse Henri VIII le 28 juillet 1540, juste après l'annulation du mariage du roi et d'Anne de Clèves.

Juliette Benzoni a consacré à Catherine un chapitre de son ouvrage « Dans le lit des reines » (Editions Perrin 2011)

Reconnue coupable d'adultère et de trahison, elle est décapitée à la tour de Londres après moins de deux ans de mariage.

Elle était la nièce de Thomas Howard, 3e duc de Norfolk, fervent catholique et adversaire de Thomas Cromwell. Cette parenté faisait d'elle une cousine d’Anne Boleyn.

Catherine, la jeune, l’aimable, la séduisante Catherine, ne s’était pas toujours conservée pure et intacte: avant d’être admise à la couche d’un roi, elle avait admis plusieurs simples mortels à la sienne.

La cinquième épouse sera une jeune aristocrate anglaise délurée, Catherine Howard ; mais celle-ci trompe allégrement ce mari ronchon, obèse et maladif. Henri, lorsqu'il l'apprend, a recours à sa solution favorite : Catherine est condamnée à mort pour lèse-majesté.

UNE JEUNE FILLE DELUREE

Catherine fut la moins instruite des épouses d’Henri, bien qu'elle sût apparemment lire et écrire, à la différence des autres Anglaises de son époque moins bien nées.

Elle est décrite comme enjouée, mais jamais comme érudite ou dévote.

L'atmosphère licencieuse qui régnait au palais de la duchesse de Norfolk mène à Henry Manox, le professeur de musique de Catherine. Il entame une relation avec elle aux alentours de 1536, alors qu'elle a seize ans. Quand elle devient reine, Manox est nommé musicien dans sa maison. C'est lui qui apportera plus tard des preuves dans l'enquête dirigée contre elle.

Cette relation prend fin en 1538, quand Catherine est séduite par un secrétaire de la maison de la duchesse, Francis Dereham.

Ils tombent amoureux, s'adressant même l'un à l'autre comme « mari » et « femme ». Dereham confia également à Catherine de nombreuses responsabilités qui incombaient d'ordinaire à une épouse, comme garder son argent quand il voyageait pour affaires. La plupart des compagnes de Catherine, dames d'honneur ou pupilles de la duchesse étaient au courant de cette relation, qui s'achève apparemment en 1539, quand cette dernière a vent de l'affaire.

REINE D’ANGLETERRE

L'oncle de Catherine, le duc de Norfolk, lui trouva une place à la cour d'Henri VIII, en tant que demoiselle d'honneur de la nouvelle épouse du roi, l'Allemande Anne de Clèves.

C’est son oncle Norfolk qui fait en sorte que la jeune et séduisante Catherine attire rapidement l'attention du roi qui, dès le début de son mariage, avait accordé peu d'intérêt à Anne.

Le roi vieillissant s'éprend de Catherine Howard. La jeune Anglaise, âgée de 18 ans, est vive, piquante, insouciante. Issue d'une grande famille aristocratique, celle des Norfolk, d'une très grande beauté et fort courtisée avant son mariage, elle fait tourner la tête du roi, qui apprécie son côté "femme-" et la surnomme bientôt sa "rose sans épine".

Son rapide mariage, moins de trois semaines après son divorce avec Anne de Clèves, reflétait l'impatience d'Henri d'assurer la succession des Tudor en ayant de vigoureux fils légitimes, puisqu'il n'en avait qu'un seul, le futur Édouard VI.

Henri, proche de la cinquantaine, inondait sa jeune épouse de biens, bijoux et autres cadeaux ruineux. La guerre contre la France et la Réforme anglicane avaient coûté à Henri sa popularité, et il souffrait de plus de nombreux soucis de santé. La présence à ses côtés d'une jeune et charmante épouse lui apporta beaucoup de joie.

Catherine Howard prit sur son époux un ascendant important et le poussa alors qu'il était chef de l'Église anglicane à se rapprocher des catholiques. Elle s'attira ainsi l'inimitié du parti de la Réforme.

Cette influence sur le roi déplaisait fort à Edouard et Thomas Seymour, frères de la défunte reine Jane Seymour. Thomas Seymour en voulait particulièrement à Catherine qui avait repoussé ses avances.

Malgré sa richesse et son pouvoir récents, Catherine trouvait pourtant peu d'attraits à sa relation conjugale. Elle n'était toujours pas enceinte. L'obésité de son époux la dégoûtait.

Henri n'avait jamais été un homme raffiné et galant ; comme en toutes choses, ses manières amoureuses étaient brutales et directes, les préambules fort courts, les développements restreints et la conclusion abrupte ; l'amour physique fut toujours pour lui réduit à l'essentiel, un rite biologique sans fantaisie, dans un but de procréation. La galante Catherine avait connu mieux avant d'épouser le roi, dont l'apparence n'avait par ailleurs plus rien d'attirant.

ADULTERE


En 1541, elle s'engagea dans une relation avec un des favoris d'Henri, Thomas Culpeper (1514-1541), qu'elle trouvait déjà séduisant à son arrivée à la Cour, deux ans plus tôt.

Les rendez-vous galants étaient organisés par une des plus vieilles dames d'honneur de Catherine, Lady Rochford, la veuve de George Boleyn, frère d'Anne Boleyn.

Il est difficile de savoir si le désir de Culpeper pour la reine est l'expression d'un réel amour, et ou s'il est commandé par son ambition politique. Comme Henri VIII est en mauvaise santé et son unique héritier, Édouard encore très jeune, être l'amant de Catherine lui aurait certainement apporté un puissant pouvoir. Cependant, Culpeper échoue totalement, comptant trop sur son amitié avec le roi et sur la discrétion de la reine. Il est affirmé que la reine a séduit Culpeper, mais l'inverse aurait pu être tout aussi vrai.

La jeune écervelée conserve ses habitudes prises avant le mariage, en continuant à avoir des aventures, désormais adultérines. Au cours d'une absence prolongée du roi, pendant l'été 1541, elle renoue une relation avec Francis Dereham.

Henri et Catherine parcoururent l'Angleterre ensemble à l'été 1541, et les préparatifs d'un couronnement, qui aurait suivi toute annonce de grossesse, suivaient leur cours, ce qui indique que le couple était encore sexuellement actif.

Cependant, à mesure que la liaison extraconjugale de Catherine se développait, les témoins de sa conduite légère au palais de Lambeth commencèrent à la contacter pour obtenir des faveurs. Afin d'acheter leur silence, elle donna des places dans sa suite à la plupart d'entre eux. En particulier, elle nomma Henry Manox musicien dans sa maison et fit de Francis Dereham son secrétaire personnel. Ce calcul désastreux la conduisit à être accusée de trahison et d’adultère, deux ans après son mariage.

LA CHUTE

À la fin de l'année 1541, la conduite licencieuse de Catherine est dévoilée au grand jour par John Lascelles, un réformateur protestant dont la sœur, Mary Hall, est femme de chambre de la duchesse douairière, et a été témoin des liaisons adultérines de Catherine. Laquelle en informe Thomas Cranmer, alors archevêque de Cantorbéry, antipapiste virulent et l'un des plus proches conseillers du roi.

Cranmer, conscient qu'un pré-contrat conclu avec Dereham invaliderait le mariage de Catherine et d'Henri, lui donne une lettre contenant les accusations portées contre son épouse. Henri refuse d'abord de croire ces allégations, pensant que la lettre est un faux, et demande que Cranmer enquête plus profondément. Quelques jours plus tard, des preuves sont fournies, notamment les aveux de Dereham et Culpeper après qu'ils ont été torturés à la tour de Londres, et une lettre d'amour de Catherine adressée à Culpeper.

Interrogé, Dereham admet avoir eu des rapports avec Catherine, mais il jure n’avoir jamais été intime avec la reine après son mariage au roi. De plus, il affirme qu’elle lui a préféré Culpeper.

Le destin des protagonistes est scellé par les témoignages faisant état de rencontres à Hatfield House et pendant la chevauchée royale vers le nord de l'Angleterre durant l'été 1541.

Sous la , Culpeper avoue avoir eu des relations sexuelles avec Catherine. Lui et Dereham sont reconnus coupables et condamnés à mort.

Catherine est accusée de trahison, mais jusqu'au bout, même auprès de son confesseur quelques heures avant sa mort, elle nie avoir trompé le roi avec Culpeper. En revanche, elle admet que sa conduite avant son mariage a été indigne d'une dame de son rang, qui plus est une reine d'Angleterre.

Catherine est déchue de son titre de reine le 22 novembre 1541, et emprisonnée.

Culpeper et Dereham sont exécutés à Tyburn le 10 décembre 1541, le premier décapité, le second pendu, éviscéré et démembré pour trahison. Les parents de Catherine sont également emprisonnés dans la tour, à l'exception de son oncle Thomas, le duc de Norfolk, qui a suffisamment pris ses distances du scandale.

C’est alors que le Parlement rendit cette loi fameuse, dénoncée à tous les siècles comme un modèle accompli d’absurdité et de barbarie ; par cette loi, toute personne qui, instruite d’une infidélité de la reine, n’en avertissait pas le roi ; toute fille qui, épousant un roi d’Angleterre et n’étant plus vierge, n’en faisait pas l’aveu devait être punie de mort. C'est à cette occasion que la peine de mort fut édictée contre toute femme, qui n'étant pas vierge au moment où il serait question de la marier au roi, ne dévoilerait pas son état, et contre toute femme de prince ou reine convaincue d'adultère.

Le sort de Catherine demeure également en suspens, jusqu'à ce que le Parlement anglais promulgue un décret de mort civile, le 21 janvier 1542, qui déclare la trahison punissable de mort. Cela résout le problème du pré-contrat supposément signé par Catherine et la rend indiscutablement coupable (un adultère commis par la reine est considéré comme une trahison). Catherine est transférée à la tour de Londres le 10 février 1542. Le 11 février, Henri signe le décret de mort civile, et l'exécution est fixée au 13 février. Au moment de mourir, Catherine avouera publiquement son amour pour Culpeper, disant : « Je meurs comme une reine, mais j’aimerais mieux mourir comme femme de Culpeper ! »

On a prétendu que c’est son système de défense qui était défaillant : elle n’aurait pas dû nier ses relations avec Francis Dereham, mais au contraire, soutenir ensemble avec ce dernier que leurs veux échangés avant leurs rapports sexuels pouvaient être reconnus comme une forme de mariage. (« precontract ») Donc pas de mariage valable avec le Roi, ce qui signifiait pas d’adultère.

Mais ça n’aurait probablement servi à rien. Pour les juges la trahison consistait dans le fait qu’elle n’a pas révélé à Henry VIII sa vie sexuelle avant le mariage, qu’elle l’a induit en erreur. Et la trahison était un crime qui selon les lois de l’époque méritait la mort.


DEUX FEMMES MARTYRES DE PAR LA LOI DES MALES

Ces deux reines d’Angleterre ont payé de leur vie les lois de l’époque, qui sanctionnaient sévèrement l’adultère féminin, allant jusque la peine de mort lorsque leurs « fautes » bafouaient un roi et mettaient en cause la légitimité de sa descendance.

Au regard des mœurs d’aujourd’hui, les « fautes » d’Anne Boleyn et de Catherine Howard apparaissent bien légères. Sans oublier qu’elles restent contestées pour ce qui concerne Anne, dont il est plus que probable que l’on ait voulu ainsi se débarrasser d’elle pour permettre un remariage du roi.

Elles ont fait cocu un personnage cruel et repoussant ? Et alors, j’ose dire elles ont bien fait, en particulier la jeune Catherine confrontée à un homme qui n’était plus capable d’assumer son rôle d’époux.

Le destin de ces deux femmes permet, une fois de plus, de mesurer les progrès accomplis dans les mentalités comme dans les lois.

Et me permet aussi de renouveler mon plaidoyer pour la plus totale liberté sexuelle pour la femme, y compris au sein du mariage. Dans ce cadre, je répète que le candaulisme est la meilleure des réponses, car il repose sur la complicité du mari, acteur des plaisirs de son épouse, dont la jouissance sous les assauts d’un autre mâle, en sa présence, fait partie de son propre plaisir. Le candaulisme permet de combiner liberté sexuelle de la femme et absence du mensonge et de la dissimulation qui sont souvent la caractéristique de l’adultère.

Comments:

No comments!

Please sign up or log in to post a comment!